Coup d’État au Niger : Mauritanie entre diplomatie discrète et nouvelles pressions régionales

Suite au coup d’État au Niger, la République islamique de Mauritanie surprend en condamnant ouvertement l’action du général Abdourahamane Tiani. Cette prise de position inattendue met en lumière une évolution diplomatique pour un pays qui avait toujours privilégié la discrétion. Cependant, les enjeux régionaux et les considérations sécuritaires pourraient avoir influencé cette décision surprenante.

Après le renversement du président Mohamed Bazoum au Niger par le général Abdourahamane Tiani, la Mauritanie a choqué la communauté internationale en condamnant publiquement ce coup d’État. Jusqu’à présent, le pays avait maintenu une posture de discrétion diplomatique face aux événements similaires dans la région. Cette prise de position démontre un changement de cap diplomatique pour la République islamique.

Alain Antil, expert de l’Afrique subsaharienne à l’Institut français des relations internationales, souligne que la Mauritanie avait toujours évité de se mettre en avant et avait préféré privilégier la voie diplomatique. Cependant, cette nouvelle condamnation découle peut-être d’une volonté de prévenir une contagion des coups d’État dans la région, compte tenu de l’histoire turbulente de changements anticonstitutionnels.

La situation sécuritaire de la Mauritanie, préservée des attaques djihadistes depuis 2011, pourrait également jouer un rôle dans cette évolution diplomatique. Le président Mohamed Ould Ghazouani, ancien responsable du renseignement et ex-chef d’état-major, a renforcé la sécurité autour de lui, et le pays a investi dans la modernisation de son armée.

Alors que les pressions régionales s’intensifient, notamment par les appels à une intervention militaire au Sahel, le président Ghazouani semble maintenir une position prudente. Bien qu’encouragé par ses pairs à s’impliquer davantage dans la crise sahélienne, la Mauritanie reste réticente à s’engager militairement ou à imposer des sanctions économiques et financières.

Les raisons de ce choix demeurent complexes. Outre la volonté de maintenir des relations stables avec les voisins, la méfiance envers les putschistes nigériens et les considérations sécuritaires pourraient expliquer cette prudence. Alors que la région fait face à des défis sécuritaires croissants, la Mauritanie semble déterminée à naviguer avec diplomatie tout en évitant de compromettre sa stabilité interne et ses relations régionales.

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