L’impact de ChatGPT sur les rédacteurs académiques Kényans

Au cours des dernières années, le Kenya est devenu une plate-forme majeure pour l’industrie de la rédaction académique, où des milliers de rédacteurs produisent des dissertations, mémoires et thèses pour des étudiants occidentaux moyennant une rémunération. Cependant, l’entrée en scène de ChatGPT, un robot conversationnel développé par la start-up américaine OpenAI et lancé le 30 novembre 2022, a engendré des conséquences significatives pour cette industrie.

Selon une étude réalisée en janvier 2023 par la plate-forme « Study », 89 % des étudiants américains utilisent désormais ChatGPT pour obtenir de l’aide dans leurs devoirs, et 53 % d’entre eux l’ont déjà employé pour la rédaction de dissertations. Cette méthode est populaire en raison de son caractère intuitif et de son accessibilité gratuite, tandis que les outils de détection des textes générés par l’intelligence artificielle peinent à s’établir.

Elijah, un rédacteur académique basé à Nairobi, témoigne de l’impact de l’intelligence artificielle sur sa profession. Travaillant dans une « ferme » d’écriture académique, il gagne 600 euros par mois en rédigeant des documents sur des sujets variés. Toutefois, il reconnaît que ChatGPT peut accomplir les mêmes tâches gratuitement. Plus de 20 % de ses clients ont déjà résilié leurs contrats en faveur de ChatGPT, entraînant une baisse des prix sur le marché.

Les prête-plumes kényans, qui avaient trouvé un moyen de financer leurs études en rédigeant des travaux académiques pour des étudiants étrangers, se retrouvent face à un dilemme. Ils aspirent à maintenir leurs emplois malgré la menace posée par l’intelligence artificielle. Les enseignants kényans, en moyenne, gagnent environ 400 euros par mois, ce qui incite certains à poursuivre la rédaction académique en parallèle de leur carrière.

Le Kenya, doté d’un niveau d’éducation considéré comme l’un des meilleurs en Afrique, constitue une source abondante de prête-plumes en raison du taux de chômage élevé et du niveau d’anglais compétent de la population. Ruth Wanjeru, qui a commencé à rédiger des travaux académiques à l’âge de 17 ans pendant la pandémie de coronavirus, gagne actuellement l’équivalent de 400 dollars par mois grâce à ce travail, soit deux fois le salaire moyen au Kenya.

Cependant, l’essor de l’intelligence artificielle a également un impact négatif sur ces jeunes rédacteurs. Ramadhan Omar, un infirmier de 23 ans, rapporte avoir perdu la moitié de ses clients et de ses revenus depuis l’arrivée des outils d’intelligence artificielle. Kevin Oduor, ancien rédacteur et ancien travailleur de la transcription, souligne que bien que la machine puisse offrir de nombreuses options, elle ne peut pas encore égaler la qualité de rédaction humaine. Malgré les défis, certains restent optimistes quant à la survie de cette industrie, arguant que la fainéantise des étudiants occidentaux maintiendra la demande pour les rédacteurs humains.

Commentaires: 0

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués avec *