Sénégal : Dissolution du parti d’opposition de Sonko suite à des manifestations meurtrières

Le gouvernement sénégalais a dissous le parti d’opposition, les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dirigé par l’opposant Ousmane Sonko. Cette décision a été annoncée le lundi 31 juillet 2023 par le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Diome. Elle fait suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko le 28 juillet dans le cadre d’une troisième affaire, où il est poursuivi pour huit chefs d’accusation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État et vol de téléphone portable.

Les autorités ont justifié la dissolution du Pastef en expliquant que le parti avait fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels, provoquant des violences et des pertes humaines lors des manifestations en mars 2021 et juin 2023, qui ont fait plus de quarante morts. Les partisans de Sonko ont réagi à cette dissolution en manifestant dans les rues de Dakar et de Ziguinchor, entraînant des affrontements avec les forces de l’ordre. Dans la ville de Ziguinchor, deux personnes ont succombé à leurs blessures lors de ces manifestations.

Face à la crainte de voir les manifestations dégénérer, le gouvernement a pris des mesures telles que la prolongation de l’interdiction de circulation des motos dans la région de Dakar et la suspension temporaire de l’accès à Internet sur les téléphones mobiles en raison de la diffusion de messages haineux et subversifs sur les réseaux sociaux.

Les partisans d’Ousmane Sonko accusent le gouvernement de complot visant à évincer leur leader de la scène politique à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en février 2024. Certains autres cadres du Pastef sont également visés par des poursuites judiciaires.

L’organisation Amnesty International a critiqué cette dissolution, considérant qu’elle porte atteinte à la liberté d’information et aux droits civils et politiques. Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal, souligne que c’est la première fois depuis 1960 qu’un parti politique est dissous dans le pays.

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