Nigeria : Un couvre-feu instauré dans l’État d’Adamawa après des pillages massifs de nourriture

Le dimanche 30 juillet, les autorités de l’État d’Adamawa ont annoncé la mise en place d’un couvre-feu total suite à des pillages massifs de magasins et d’entrepôts publics par des centaines d’habitants, en majorité des adolescents vivant dans la rue. Ces pillages ont été principalement ciblés sur les stocks de denrées alimentaires, notamment des céréales, qui ont été emportées par les pilleurs.

Le gouverneur de l’État d’Adamawa, Ahmadu Umaru Fintiri, a décrété un couvre-feu de vingt-quatre heures avec effet immédiat, interdisant tout mouvement dans tout l’État. Des personnels de sécurité ont été déployés par la police locale pour faire respecter le couvre-feu et prévenir de futurs actes de pillage.

Ces événements surviennent dans un contexte où la fin des subventions sur le carburant a entraîné une forte augmentation des prix de l’essence et, par conséquent, des produits alimentaires. Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et première économie du continent, connaît une grave crise économique depuis 2016, aggravée par la pandémie de Covid-19 et l’offensive russe en Ukraine. Environ la moitié de ses quelque 215 millions d’habitants vivent dans l’extrême pauvreté, avec moins de 2 dollars par jour, malgré les importantes réserves de pétrole du pays.

Depuis deux mois, la situation de pauvreté s’est détériorée à la suite de mesures économiques prises par le nouveau président, Bola Tinubu, dans le but de stimuler les investissements à long terme. Toutefois, ces mesures ont eu de graves répercussions sur le budget des ménages. Notamment, la fin des subventions sur le carburant, annoncée le mois dernier, a entraîné une quadruple hausse des prix de l’essence, provoquant indirectement une augmentation des prix des produits alimentaires. Pour tenter de répondre à cette situation critique, le président a déclaré un « état d’urgence sur la sécurité alimentaire » en juillet, promettant d’importants investissements dans l’agriculture ainsi que des transferts d’argent aux plus démunis.

Cependant, les préoccupations concernant la sécurité alimentaire existaient déjà bien avant ces événements. En début d’année, l’ONU estimait que plus de 25 millions de Nigérians seraient exposés à un « risque élevé » d’insécurité alimentaire en 2023, en particulier dans le nord-est du pays. Cette région est particulièrement touchée par l’insécurité alimentaire en raison d’un conflit de quatorze ans entre l’armée et des groupes djihadistes, qui a déplacé des millions de personnes et éloigné les fermiers de leurs terres.

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