Montée des tensions à Sfax entre migrants et habitants après la mort d’un homme dans des heurts

Des responsables de haut niveau de la gendarmerie et de la sûreté nationale se sont rendus à Sfax, la deuxième ville de la Tunisie, où une présence sécuritaire renforcée a été instaurée suite à des événements tragiques. Trois migrants, soupçonnés d’implication dans un meurtre, ont été arrêtés, d’après les informations préliminaires, et seraient de nationalité camerounaise.

La vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par le député de Sfax, Tarek Mahdi, montrant le corps de l’homme avec une traînée de sang, a rapidement propagé la nouvelle de sa mort. Cette vidéo a suscité de nombreuses réactions, souvent marquées par le racisme, avec des appels à l’expulsion des migrants africains de Sfax.

Franck Yotedje, directeur de l’association Afrique Intelligence, engagée dans la défense des droits des migrants, a exprimé son inquiétude face à la situation actuelle lorsqu’il a publié sur Facebook que, ce soir-là, pour la troisième nuit consécutive, les rues se transformaient en champ de bataille avec de graves blessés, tant parmi les Tunisiens que parmi les migrants subsahariens, des incendies, des agressions, des braquages et des forces de police impuissantes. Il a ajouté que si le pire était à craindre, alors c’était bien la réalité à Sfax.

Sfax, située dans le centre-est de la Tunisie, est un point de départ fréquent pour les traversées illégales vers l’Italie. Dans les quartiers populaires de la ville où vivent de nombreux migrants, les tensions verbales et physiques entre les deux parties sont courantes.

Ces violences se sont aggravées après un discours prononcé le 21 février par le président Kaïs Saïed, qui a critiqué l’immigration clandestine en la présentant comme une menace démographique pour le pays.

Au cours d’une visite au siège du ministère de l’Intérieur à Tunis, M. Saïed a évoqué la situation à Sfax « après l’acte criminel qui s’y est produit », selon un communiqué de la présidence. Il a réitéré que la Tunisie n’accepte pas que des personnes résident sur son territoire sans respecter ses lois, ni qu’elle serve de pays de transit vers l’Europe ou de terre de réinstallation pour les ressortissants de certains pays africains.

Il est vrai que la plupart des migrants d’Afrique subsaharienne viennent en Tunisie dans l’espoir de rejoindre l’Europe par la mer en débarquant clandestinement sur les côtes italiennes. M. Saïed a déclaré mardi que des « réseaux criminels » étaient responsables de l’immigration illégale et qu’ils cherchaient à perturber la paix sociale en Tunisie.

Romdhane Ben Amor, responsable au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG locale spécialisée dans les questions migratoires en Tunisie, a affirmé que la tension actuelle à Sfax était « attendue ».

La situation à Sfax demeure préoccupante, avec une escalade de violence redoutée entre les migrants et les habitants. Les autorités tunisiennes doivent prendre des mesures pour apaiser les tensions et garantir la sécurité de tous les résidents de la ville, quelle que soit leur origine.

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