Amnesty International révèle des atrocités des forces de l’ordre et des séparatistes dans les régions anglophones du Cameroun

Dans un rapport alarmant, Amnesty International met en évidence les horreurs commises par les forces de l’ordre et les séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun. Ces atrocités incluent des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et des violences sexuelles. Les civils de l’ouest du pays sont les principales victimes de ces violences, perpétrées par les deux camps en conflit.

Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, majoritairement anglophones, sont le théâtre de crimes que l’ONU et les ONG internationales condamnent depuis plus de six ans. La minorité anglophone camerounaise est confrontée à des exécutions, des actes de torture et des viols répétés.

Le président Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quarante ans, a commencé à réprimer violemment les manifestations pacifiques des anglophones en 2016, ce qui a conduit à une escalade du conflit. En réaction, des groupes armés indépendantistes anglophones ont émergé et ont proclamé en 2017 l’« indépendance » d’une région appelée l’« Ambazonie ». Depuis lors, le président Biya a intensifié le déploiement des forces armées dans la région.

Dans son dernier rapport intitulé « Avec ou contre nous. La population prise en étau entre l’armée, les séparatistes armés et les milices dans la région anglophone du Nord-Ouest », Amnesty International documente les exécutions extrajudiciaires, les homicides de civils – y compris des femmes et des enfants -, les actes de torture, les viols et les violences sexuelles commis par les deux camps. Ces atrocités récurrentes constituent de graves violations des droits humains. Le rapport se base sur les témoignages de plus de 100 victimes, de responsables d’ONG locales et de journalistes.

Les séparatistes ciblent régulièrement les civils, pratiquant des enlèvements contre rançon et accusant certains d’entre eux de « collaboration » avec le gouvernement de Yaoundé, en particulier les Mbororo, une ethnie peule. L’armée et la police sont régulièrement accusées par l’ONU et les ONG d’attaquer et de dévaster des villages, soupçonnés de soutenir les séparatistes, et de commettre des abus et des crimes. Amnesty accuse également des « milices mbororo » de soutenir les militaires dans ces attaques.

L’ONG dénonce également les « violations des droits humains » commises par les « autorités politiques et judiciaires », qui emprisonnent arbitrairement des civils, des journalistes et des responsables de la société civile, les jugeant devant des tribunaux militaires pour des actes liés au « terrorisme ».

Amnesty s’inquiète également de la coopération continue des partenaires internationaux du Cameroun, notamment la Belgique, la Croatie, les États-Unis, la France, Israël, le Royaume-Uni, la Russie et la Serbie, sur le plan militaire, fournissant des armes et du matériel militaire qui pourraient être utilisés par les forces armées, les milices ou les séparatistes armés pour commettre des exactions. Amnesty demande à ces partenaires internationaux de condamner ces atteintes aux droits fondamentaux commises par les deux camps et demande au gouvernement camerounais d’ouvrir immédiatement des enquêtes approfondies, indépendantes et impartiales.

Amnesty souligne que malgré leurs demandes de rendez-vous avec les ministres du gouvernement pour discuter de ce rapport, ils n’ont reçu aucune réponse. Le gouvernement du Cameroun n’a jamais réagi publiquement aux rapports réguliers des ONG, le faisant généralement plusieurs jours ou semaines après leur publication.

Le conflit qui sévit dans les régions anglophones a déjà coûté la vie à plus de 6 000 personnes et a contraint plus d’un million de personnes à fuir leur domicile, selon l’International Crisis Group (ICG), bien que ce bilan n’ait pas été actualisé depuis trois ans.

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