Centre de négoce de Musompo : Une tentative de réguler l’industrie minière artisanale du cobalt en RDC

La route menant à Kolwezi, la capitale minière de la République démocratique du Congo (RDC) dans le sud-est de l’Afrique centrale, est bordée de dépôts délabrés, où des sacs de minerai sont entassés. Ces murs, marqués de l’inscription « CoCu » (pour « Cobalt et Cuivre »), abritent des négociants chargés d’évaluer la qualité du minerai extrait par les mineurs informels, communément appelés « creuseurs », et de fixer un prix en conséquence.

Mais les mineurs, qui pour la plupart travaillent dans des conditions désastreuses, se plaignent, affirmant que les négociants trichent sur la teneur du minerai pour les escroquer. Un projet ambitieux est en train de prendre forme dans la province de Lualaba pour tenter de régler ce problème en créant un centre de négoce soutenu par le gouvernement. Le « centre de négoce de Musompo » est censé éliminer les intermédiaires malhonnêtes en entreposant et testant le minerai pour le compte des creuseurs.

Le Congo produit plus de 70 % du cobalt mondial, un métal essentiel pour les batteries utilisées dans l’électronique et les voitures électriques. La majeure partie du cobalt congolais est extraite de mines industrielles géantes, mais on estime que plus de 200 000 personnes travaillent comme creuseurs dans des sites illégaux. Les accusations de travail des enfants, de conditions de travail dangereuses et de corruption dans le secteur artisanal pèsent sur l’ensemble de l’industrie du cobalt en RDC.

Selon Willy Yav, directeur de la société SudSouth, chargée par le gouvernement provincial de gérer le centre de négoce de Musompo, celui-ci apporterait plus de revenus aux mineurs et contribuerait à redorer l’image du cobalt artisanal congolais. Un système de traçabilité et de certification garantirait que le minerai ne provient que de mines artisanales respectant certains droits et règles de sécurité.

Cependant, des problèmes juridiques entravent le fonctionnement du centre, qui n’est pas encore opérationnel. Selon la loi congolaise, les mineurs artisanaux ne sont autorisés à travailler que dans des zones désignées par le gouvernement et doivent être membres de coopératives agréées, mais la loi n’est pas appliquée. Si les problèmes juridiques ne sont pas résolus, les acheteurs respectueux de la loi auront du mal à acheter du minerai à Musompo.

Le gouvernement congolais a également créé l’Entreprise générale du cobalt (EGC) dans l’espoir de développer le secteur artisanal et d’influencer les prix mondiaux du cobalt. Cependant, l’EGC n’a pas encore acheté de cobalt, et son rôle dans le processus reste flou.

Willy Yav espère que le centre de négoce de Musompo pourra travailler avec la mine de Kamilombe comme site pilote, ce qui pourrait servir de modèle pour réformer l’ensemble du secteur informel du cobalt. Une régulation plus stricte de la chaîne d’approvisionnement pourrait contribuer à améliorer les conditions de travail des mineurs, à éliminer la corruption et à générer des recettes fiscales équitables pour le gouvernement provincial.

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