Pénurie de carburant au Cameroun : Des files d’attente interminables et des prix en hausse mettent les consommateurs sous pression
Dans la ville de Garoua, située au nord-ouest du Cameroun, une pénurie de carburant a entraîné des files d’attente interminables dans les stations-service officielles, tandis que les prix sur le marché noir ont atteint des niveaux exorbitants. Les consommateurs sont confrontés à des difficultés croissantes pour se procurer du carburant à des tarifs abordables.
À Garoua, un litre d’essence sur le marché noir est passé de 300 francs CFA (0,48 dollar) à un minimum de 600 francs CFA, selon les vendeurs. Ces derniers expliquent que l’offre de carburant s’est raréfiée et que les clients les accusent d’escroquerie en raison des prix élevés, alors même que la flambée des prix provient du Nigeria voisin.
Les motos-taxis, un moyen de transport largement utilisé en Afrique de l’Ouest, sont particulièrement touchés par cette situation. Les conducteurs, dont les revenus dépendent souvent du jour le jour, se retrouvent confrontés à des conflits avec les clients qui exigent des tarifs bas, peu importe les circonstances. Certains conducteurs de Garoua, comme Ousmanou Mal Djoulde, ont été contraints de plus que doubler leurs tarifs, mais de nombreux clients refusent de payer, ce qui a des répercussions néfastes sur leurs affaires.
La contrebande de carburant occupe une place centrale dans l’économie locale au point que les autorités ferment les yeux, voire sont complices de cette pratique. Un journaliste de Reuters à Garoua a même été témoin d’un douanier camerounais, confortablement installé sur une moto-taxi, faisant le plein d’essence de contrebande en provenance du Nigeria.
Il n’existe pas de données précises sur la quantité de carburant qui est illégalement importée depuis le Nigeria. Le PDG de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), la seule société fournissant le carburant, a déclaré en début de mois que 66 millions de litres d’essence quittaient quotidiennement les dépôts de la société, mais il est incapable de préciser combien de ce carburant est réellement consommé localement. Cependant, il a admis que la contrebande était un problème endémique.
Des experts indépendants dans le domaine de l’énergie, ainsi que la raffinerie de pétrole de Dangote au Nigeria, prévoyant de démarrer la production d’essence au début du mois d’août afin de remédier aux pénuries chroniques de carburant, estiment que la consommation quotidienne totale de carburant au Nigeria est inférieure à 40 millions de litres.