La position de l’Afrique du Sud concernant la guerre russo-ukrainienne pourrait lui faire perdre 32 milliards $

L’Afrique du Sud risque de subir une perte considérable de revenus d’exportation, s’élevant à 32,4 milliards de dollars, soit près d’un dixième de son produit intérieur brut, si certains de ses principaux partenaires commerciaux réagissent à son manque de position claire vis-à-vis de la guerre en Ukraine menée par la Russie. Cette situation pourrait avoir un impact majeur sur l’économie du pays.

 

L’Afrique du Sud se retrouve confrontée à une situation économique préoccupante, en raison de sa position ambiguë vis-à-vis du conflit en Ukraine. Selon Ndivhuho Netshitenzhe, économiste chez Stanlib Asset Management, l’Union européenne et les États-Unis représentent collectivement 30,4% des exportations totales du pays, tandis que la Russie n’en représente que 0,23%, soit 0,07% du PIB. En cas d’escalade des tensions géopolitiques et de réaction de l’Occident à l’égard de l’Afrique du Sud, le pays pourrait perdre jusqu’à 612,7 milliards de rands de recettes d’exportation, avertit Netshitenzhe.

La position officielle de l’Afrique du Sud est celle de la neutralité dans le conflit en Ukraine. Cependant, cette neutralité semble compromise compte tenu des interactions constantes entre le pays et la Russie, tant sur le plan diplomatique que militaire, explique Netshitenzhe. En février, l’Afrique du Sud a suscité des critiques de la part des États-Unis et de l’Union européenne en organisant des exercices navals avec la Chine et la Russie, un an seulement après le début de l’invasion russe en Ukraine.

Le mois dernier, une querelle diplomatique a éclaté entre l’Afrique du Sud et les États-Unis à la suite d’accusations de fourniture d’armes à la Russie formulées par l’ambassadeur américain Reuben Brigety. Bien que ces allégations aient été démenties et que le différend ait été résolu, elles ont contribué à accroître le risque perçu et la proximité supposée de l’Afrique du Sud avec la Russie. Cette situation risque de décourager les investisseurs étrangers et d’entraîner une fuite des capitaux hors du pays, a averti Netshitenzhe.

La détérioration de la confiance des investisseurs est déjà manifeste, avec une diminution de la propriété étrangère des obligations d’État passant de 43% en 2018 à seulement 26% en avril de cette année. De plus, le rand se positionne comme la troisième devise des marchés émergents la moins performante face au dollar en 2023. Netshitenzhe souligne que cette performance médiocre n’est pas surprenante, étant donné que l’Afrique du Sud a régulièrement perdu la confiance des investisseurs en raison de mauvais choix politiques, de performances économiques faibles et d’un leadership politique inefficace.

La situation économique précaire de l’Afrique du Sud souligne l’importance pour le pays de clarifier sa position par rapport à la guerre en Ukraine et de restaurer la confiance des investisseurs. Une réévaluation de ses relations diplomatiques et commerciales avec la Russie pourrait s’avérer nécessaire pour atténuer les risques économiques et préserver la stabilité financière à long terme du pays.

 

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