Gabon: Pour 2023, une opposition aux abois et (encore) sans projet de société ?

La calomnie, le dénigrement, les montages vidéos, la désinformation, la promotion de la haine et de la violence, l’injure facile, les directs sur les réseaux sociaux, les intox, les atteintes a la dignité humaine, les appels infructueux à la désobéissance civile et à la révolte, est-ce à quoi se résume le projet de société de l’opposition gabonaise ?

Un parti se distingue par une orientation idéologique à partir de laquelle se forme sa vision et son projet de société ou programme de gouvernement. Le programme reflète le projet de société en ceci qu’il fixe ou présente les étapes et les actes qui conduiraient vers un tel type de société. Le programme fixe les priorités du Parti dans divers domaines de la vie nationale, présente les problèmes à résoudre, de même que le mécanisme et les moyens de leur résolution.

Ce qui est important dans un programme, ce n’est pas le listing des objectifs et buts, mais les moyens et les ressources qu’on entend mettre en œuvre afin d’atteindre ses objectifs et buts, la pertinence et la cohérence des différentes actions envisagées. Le Plan Stratégique Gabon Emergent, la parfaite illustration. La maladroite illustration, « Un Gabon à l’abri de la peur et du besoin », présenté comme un projet de société porteur, mais en réalité un banal slogan. La nature et la cause de la peur et les moyens de prévenir les citoyens de cette prétendue peur ne sont point explicités. Quant au besoin, il y en a dont la satisfaction ne relève pas de  l’exécutif.

Au Gabon, l’opposition est composée de partis politiques et de personnes mis en minorité et écarté de l’exécutif par les élections. Conformément aux dispositions de la loi, l’opposition à des droits. Des devoirs aussi. Notamment, le devoir de contribuer à l’élévation du débat public en fournissant à l’opinion publique les informations et thèses contradictoires; le devoir de se préparer à assumer le pouvoir auquel elle aspire à travers la formulation et l’élaboration de propositions alternatives à celles du pouvoir en place.

Malheureusement, l’opposition gabonaise s’est détournée de ce rôle. Son nouveau crédo, fournir à l’opinion publique la culture du non respect de l’autorité de l’Etat et des institutions de la République,  de la calomnie, du dénigrement, la médisance, l’invective, la haine, la violence, la désinformation, la raillerie …

Pour un pays comme le Gabon, c’est une ternissure de voir une opposition sans vision et sans leaders. Ailleurs  dans le monde, les opposants ne font pas montre d’autant de manquent de maturité politique.

Comparaison n’est pas raison certes, mais accordons nous un rapide rappel historique.  En aout 2009, Pierre Mamboundou est candidat à la présidentielle. Il est battu par Ali Bongo Ondimba, le candidat du Parti Démocratique Gabonais. Malgré sa défaite, Pierre Mamboundou n’a jamais versé dans le dénigrement, l’injure et la violence. Jamais il n’a manqué de programme et d’objectifs clairs. Motivé par un seul désir, celui de conduire un jour le Gabon vers les voies de l’Emergence. Son point commun avec l’actuel
président de la république..

Pierre Mamboundou a mené contre le régime d’Omar Bongo Ondimba et d’Ali Bongo Ondimba une opposition républicaine et responsable, sans état d’âme et sans frilosité, mais surtout sans aucune violence. C’était là l’étoffe d’un leader politique déterminé car sachant exactement ce que le peuple attendait de lui. Tout le contraire de l’opposition et de la société civile actuelle.

Une opposition et une société civile sans âme, sans leader et sans projet de société pour le Gabon.

L’opposition  n’a de programme qu’Ali Bongo Ondimba. Apres avoir théorisé sur son décès, la perte de l’usage de ses membres et in fine sur l’existence d’un sosie.  Il n’est pas surprenant aujourd’hui, après le succès retentissant de son récent périple diplomatique en Europe et en Afrique, que cette opposition reste aphone ou plutôt verse dans la diatribe en prenant au rebond la motricité du président de la République, pour en faire leur projet de société. Une atteinte vicieuse à la dignité humaine.

L’opposition  n’a de programme que peindre le Gabon comme l’enfer sur terre, alors que le pays rivalise avec certains pays de l’espace schengen,  en termes d’attractivité d’immigrés en quête d’un bien-être et d’un bien-vivre.

L’opposition  n’a de programme que l’apologie de la violence, du chao, de l’invective, de la désunion et la haine entre filles et fils du Gabon.

L’opposition  n’a de programme que les discours alarmistes

 Le président du RHM, Barro Chambrier arrive sur la place du meeting d’un des quartiers de Port-Gentil.

L’opposition doit faire montre d’un brin de lucidité pour comprendre que le Gabon de demain se construit aujourd’hui, non pas sur des mensonges, des invectives ou en usant de la langue de bois, mais en écoutant les populations gabonaises afin de leur proposer un mieux être, un mieux vivre.

En soufflant le chaud par son insolence et son incompétence, l’opposition ne fait pas fi de l’ampleur de sa noble tâche.

Une opposition républicaine avec un programme et des objectifs impersonnels clairs, avec un leader reconnu par tous.  Voilà la  noble tâche que devrait incarner ou porter une opposition digne de ce nom.

Le peuple n’est pas dupe et il l’a démontré à diverses occasions, en rejetant les appels à la désobéissance civile, aux villes morte, aux marches de protestation et aux meetings. Le peuple choisira toujours la voix de la paix et de la construction, quelles que soient les mensonges ou fausses promesse  d’une opposition aux abois.

L’opposition gabonaise comment la résumer aujourd’hui ? Un cartel de personnes ayant de grande-gueule certes, mais qui ne disent rien de constructif.

Une opposition assimilable à celle que, Giovani Sartori a identifié comme l’opposition « anti-système », défiant la légitimité du régime tel qu’il est et agissant « de manière irresponsable » dans la mesure ou elle n’a aucune chance d’être appelé au pouvoir.

SJM*

 

*Analyste politique gabonais

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