PANDORA-PAPERS :665 FRANÇAIS CITÉS, MAIS TOUJOURS RIEN SUR RFI, FRANCE24 ET CIE

Le silence des médias français notamment des médias d’Etat sur les 665 français soupçonnés d’évasion fiscale dans le cadre des Pandora Papers serait dicté par la crainte de tomber sous le coup des procès en diffamation. Pourtant, nos illustres confrères font fi de cette déontologie quand il s’agit de jeter en pâture des responsables publics africains.

Ils seraient 665 Français cités dans ces révélations mais pourtant c’est le black-out dans la presse française qui préfère gaver son audience des sorties racistes et antisémites d’un certain Eric Zemmour. Interrogé au sujet de ces éventuelles évasions fiscales,  Bruno Lemaire, le ministre français de l’Economie, a répondu que ses services allaient « vérifier » ces affirmations.

En dehors de quelques brèves sur l’ancien patron du FMI, Dominique Strauss Khan contre qui ces rédactions ne risquent pas grand-chose tant l’homme a déjà été tué politiquement mille fois, les contribuables français sont privés depuis plusieurs jours des analyses pertinentes des experts de RFI sur ces 665 présumés évadés fiscaux.

Il s’agit selon certaines indiscrétions de faire preuve de prudence et de déontologie. Cette rigueur intellectuelle et journalistique des rédactions françaises semble s’arrêter là où commence leur obsession pour les responsables politiques africains qu’ils peuvent salir sans crainte, encouragée très souvent par des opinions publiques africaines qui n’ont pas encore compris la véritable mission d’influence de certains médias « panafricains »

En effet, cités pour des faits qui ne tombent pourtant pas sous le coup des lois de leurs pays respectifs, les Présidents Ali Bongo Ondimba du Gabon, Denis Sassou Nguesso du Congo ou encore Patrick Achi le Premier ministre ivoirien ont eu droit ces derniers jours à toute l’attention et la science économique des experts de RFI.

Tant pis s’il s’agit d’activités offshores ou de comptes bancaires qui n’existent plus depuis des dizaines d’années, la tentation de faire du « Africa-Bashing » est trop fort. Alors, à coup d’analyses, d’interview d’opposants, de membres de la société civile et de plateaux spéciaux, ces personnalités sont traitées sous toutes les coutures. L’objectif semble être de ne pas laisser filer cette belle occasion d’en parler.

Car cela se limite souvent à de la « parlote » tant il est impossible à la lecture de ces articles de collecter des données précises. On y trouve par contre un tas de supputations à la frontière de la diffamation. Pendant ce temps, en France, le contribuable réclame à grand renfort de tweets des articles de presse sur les 665 Français de la liste des Pandora Papers.

On parle pourtant de près de 150 hommes politiques d’un pays qui perdrait près de 17 milliards d’euros chaque année selon une estimation de l’économiste Gabriel Zucman réalisée en 2017.

Contre toute attente, tous les articles de RFI sur ce sujet depuis deux jours ne concernent que des personnalités africaines, Libanaise ou jordaniennes. Un filtrage qui interroge.

Pour certains analystes, les médias mainstream français profitent de l’appétence des opinions africaines pour les scandales qui touchent les élites. Pour d’autres, il s’agit d’une attitude paternaliste favorisée par les responsables africains eux-mêmes, qui ont des années durant ,préféré se soumettre aux interview au rabais d’un Christophe Boisbovier plutôt que de donner aux presses de leurs pays respectifs la place qu’elles méritaient.

Cette tendance à se soustraire à la déontologie du métier de journaliste à pu être observer il  y a quelques semaines, quand plusieurs médias français avaient participé à jeter l’opprobre sur les troupes gabonaises engagées en République Centrafricaine depuis 25 ans, en relayant des accusations d’abus sexuels pour lesquelles aucune victime n’a été présentée à ce jour. Le mal ou la mission avait déjà été fait, les gabonais ont été prié de plier bagages laissant la Centrafrique aux mains des bandes armées.

La question reste posée, qu’est ce qui fait donc courir une partie de la presse française en Afrique au point qu’elle oublie les principes simples de la déontologie du métier de journaliste ?

Commentaires: 0

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués avec *