Madagascar : De l’espoir du covid organics à la confusion générale

En avril 2020, alors que l’Afrique faisait face à une recrudescence du nombre de cas positifs au coronavirus, une lueur d’espoir mais surtout de fierté venait balayer tous les clichés sur le continent : le covid organics. Dès les premières heures de cette annonce l’annonce en publiques de la Présidence Malgache dont le siège se trouve à Paris, a vite fait de scénariser la chose et imposer un narratif positif autour de Madagascar, et, de son Président. On se rappelle les images d’Andry Rajoelina buvant le fameux remède en compagnie de plusieurs personnalités et de jeunes.

Par un élan de solidarité face à ce qui semblait être un sabotage orchestré par les pays occidentaux et les organismes internationaux tels que l’Organisation Mondiale de la Santé contre la trouvaille majeure et historique du continent, près d’une quinzaine de pays africains passe commande du covid organics. Quelques semaines après, un scandale de test défectueux est révélé par le gouvernement malgache mettant en cause l’institut pasteur de Madagascar. À ce moment tous les signaux sont au vert, l’Afrique a une longueur d’avance sur le monde grâce aux travaux de l’Institut malgache des recherches appliquées. En dépit de l’absence de validation scientifique sur les bienfaits de la tisane dans la prévention et le traitement du coronavirus, le président Rajoelina la fait distribuer à sa population et intensifie sa promotion auprès de ses pairs africains. Sur les médias internationaux, les propos du président Andry Rajoelina ont des accents panafricanistes, il se montre très critique envers l’OMS, son partenaire de référence en matière de politique de santé contre la peste ou plus récemment la rougeole, parce que l’agence onusienne avait mis en garde à plusieurs reprises contre les vertus supposées de tisane à base d’Artemisia annua.

À ce jour, Madagascar compte 8 162 cas confirmés de Covid-19, dont 69 décès et le nombre de cas de cesse de grimper quotidiennement. Dans une correspondance en date du 20 juillet et adressée aux partenaires techniques et financiers du pays, le ministre de la Santé, Ahmad Ahmad, s’inquiète de la dégradation de la situation sanitaire et sollicite de toute urgence des équipements de santé supplémentaires pour lutter contre l’épidémie. « Les hôpitaux sont débordés par l’afflux de formes sévères de la maladie, dont certains décèdent malheureusement faute d’accès aux soins », écrit le ministre au début de sa missive. Selon ce dernier, le pays a besoin de 35 350 kits de prélèvement pour le diagnostic par PCR ou GeneXpert, 1 201 concentrateurs d’oxygène 12 litres, 968 000 masques type FFP2 et 328 644 boîtes de comprimés de 200 mg d’hydroxychloroquine sont nécessaires.

L’émission de cette lettre sonne comme un aveu d’échec pour le pouvoir malgache qui a vite fait de se désolidariser du ministre de la Santé. De l’avis de plusieurs analystes la promotion des effets du covid organics, bien que surévalués, garantissait une opération de country branding réussie. 

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