La fragilité du naira nigérian met en évidence le rôle stabilisateur du franc CFA dans le projet de l’ECO
Le Nigeria a récemment été confronté à la vulnérabilité de sa monnaie, le naira nigérian, face à des chocs externes, soulignant ainsi l’importance du franc CFA de l’UEMOA en tant que facteur de stabilité à considérer dans le projet de monnaie unique de la CEDEAO, connu sous le nom d’ECO.
Pendant de nombreuses années, le Nigeria a maintenu artificiellement la valeur de sa monnaie par rapport au dollar en ouvrant son marché des titres intérieurs aux investisseurs étrangers et en maintenant un taux de change fixe pour les opérations de change officielles, tout en tolérant un marché parallèle où les taux étaient plus élevés. Cependant, la récente décision du gouvernement nigérian d’unifier les taux de conversion avec le dollar américain a entraîné une dévaluation officielle du naira, le rendant désormais moins fort que le franc CFA.
Selon le site Internet de la Banque centrale du Nigeria, il faut maintenant 746,7 nairas pour 1 dollar, tandis que le taux de change officiel était auparavant de 427 nairas pour chaque dollar. En comparaison, il faut seulement 596,7 francs CFA pour 1 dollar. Même au niveau le plus bas atteint en septembre 2022, la monnaie commune des pays de l’UEMOA n’a jamais dépassé le seuil de conversion de 700 unités pour un dollar.
Cette évolution survient alors que les pays de la CEDEAO continuent de travailler à la mise en place de l’ECO, leur future monnaie commune. Les pays de l’UEMOA ont également décidé de renommer leurs monnaies dans le cadre de ce projet sous-régional, une décision qui a suscité des controverses et n’a pas été soutenue par l’ancien président nigérian, Muhammadu Buhari.
La situation actuelle démontre que le naira nigérian ne disposait peut-être pas de la capacité nécessaire pour soutenir le projet de monnaie commune, contrairement à ce que certains commentateurs avaient suggéré. Pour les acteurs économiques des pays voisins du Nigeria qui utilisent le franc CFA, cette situation présente désormais des opportunités d’investissement à moindre coût dans le pays, car la dépréciation de la monnaie entraîne une baisse des coûts des actifs financiers. Cependant, il est crucial d’analyser attentivement la situation, car l’inflation continue d’augmenter à un rythme d’environ 22% au Nigeria, ce qui représente un risque pour les rendements.
Malgré les critiques auxquelles il est confronté, le franc CFA s’est avéré être la devise la plus résistante aux chocs externes parmi les principales économies de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest. Un exemple en est le Ghana, une autre économie solide de la sous-région, où la monnaie s’est graduellement affaiblie au cours des dix dernières années, passant d’un taux de change de 2 cedis pour 1 dollar en 2013 à un taux de 11,6 cedis pour 1 dollar.