Ousmane Sonko menace de provoquer le chaos si sa candidature à l’élection présidentielle sénégalaise est entravée
L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, condamné il y a un mois à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » et rendu inéligible en raison de cette condamnation, a fait une déclaration jeudi 6 juillet, promettant un scénario de « chaos indescriptible » lors de l’élection présidentielle de 2024 si sa candidature était empêchée. Cette déclaration marque sa première prise de parole depuis que le président Macky Sall a annoncé lundi qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.
« Il n’y aura pas d’élection dans ce pays, ou alors ce sera dans un chaos indescriptible si par des combines judiciaires le président Macky Sall voulait empêcher ma candidature », a déclaré M. Sonko lors d’une interview accordée à la chaîne France 24.
Ousmane Sonko est le plus farouche opposant du président Sall, et il a toujours clamé son innocence en qualifiant sa condamnation de complot. La condamnation de Sonko a déclenché des troubles graves début juin, les plus importants depuis des années au Sénégal, entraînant la mort de seize personnes selon les autorités et d’une trentaine selon l’opposition.
Selon M. Sonko, le président Sall a renoncé à une troisième candidature non pas par démocratie, mais en raison de la pression populaire et internationale. Il a toutefois souligné qu’il n’y avait aucune raison de féliciter le président pour cette décision. Malgré les efforts persistants du pouvoir pour l’éliminer de la course à la présidentielle, le leader du parti « Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité » (Pastef) s’est déclaré prêt à pardonner et même à « oublier » si cela lui permettait de participer à l’élection.
« Nous souhaitons à Macky Sall de terminer son mandat en beauté et de partir dans la sérénité, lui et sa famille », a-t-il ajouté, tout en réclamant des élections « libres », « transparentes » et « inclusives ». Il a également affirmé qu’il n’y avait eu aucun contact « officiel » ou « officieux » entre lui et le chef de l’État. M. Sonko s’est dit prêt « à faire des sacrifices » pour « apaiser » le pays, mais a rappelé qu’il ne négocierait pas « le couteau sous la gorge ».
Depuis le 28 mai, Ousmane Sonko se trouve chez lui à Dakar, bloqué par les forces de sécurité et se considère comme « séquestré ».