Le Kenya autorise à nouveau l’exploitation forestière, suscitant l’inquiétude des écologistes
Le président kényan, William Ruto, a annoncé dimanche 2 juillet la levée de l’interdiction de l’exploitation forestière, en place depuis plus de cinq ans. Cette décision, saluée comme une opportunité de création d’emplois et de développement économique par le président, suscite néanmoins des préoccupations parmi les associations écologistes.
L’annonce a été faite lors d’un service religieux à Molo, situé à environ 200 kilomètres au nord-ouest de Nairobi, et a été rapportée par l’Agence France-Presse (AFP). Le président Ruto a qualifié cette décision d' »attendue de longue date ». Selon lui, il est absurde de laisser pourrir des arbres matures dans les forêts alors que les habitants souffrent du manque de bois. Il a expliqué que la levée de l’interdiction permettra de créer des emplois pour les jeunes et d’ouvrir de nouvelles entreprises. Le président a également réaffirmé l’objectif de planter 15 milliards d’arbres au cours des dix prochaines années.
Cette décision pourrait réjouir les industries du bois et des scieries, qui ont subi de nombreuses pertes d’emplois depuis l’imposition du moratoire en février 2018. Le gouvernement précédent avait mis en place cette mesure dans le but d’éliminer l’exploitation forestière illégale endémique et d’augmenter la couverture forestière du pays de 7 % à 10 %.
Cependant, cette décision inquiète les défenseurs de l’environnement. Greenpeace Afrique a lancé une pétition le mois dernier pour s’opposer à la levée de l’interdiction. L’organisation met en garde contre les « conséquences environnementales catastrophiques » que cette décision pourrait entraîner. Les forêts au Kenya abritent des espèces rares et menacées, et des millions de personnes dépendent de ces écosystèmes pour leur subsistance, leur alimentation et leurs soins, selon Greenpeace Afrique.
L’ONG affirme que l’interdiction de l’exploitation forestière a permis d’accomplir des progrès significatifs dans la protection des forêts et la lutte contre la crise climatique au cours des six dernières années. Elle craint que la levée de l’interdiction ne compromette ces avancées et n’ouvre la voie à une exploitation forestière motivée uniquement par le profit.
En 2022, l’exploitation forestière a contribué à hauteur de 1,6 % du produit intérieur brut du Kenya, dans un pays où les forêts couvrent actuellement 8,8 % du territoire, selon les statistiques gouvernementales.
Il reste à voir comment cette décision controversée sur l’exploitation forestière évoluera et quelles seront les répercussions sur l’environnement et l’économie du Kenya.