Le kwanza angolais est la monnaie la moins performante d’Afrique
Depuis le début de l’année, le kwanza angolais est devenu la devise la plus faible d’Afrique par rapport au dollar, enregistrant une chute de 21% le mois dernier. Les analystes pointent du doigt les prix bas du pétrole et l’augmentation des paiements de la dette comme facteurs qui ont poussé la banque centrale à cesser de soutenir la devise. Cette situation préoccupante pourrait entraîner une hausse de l’inflation et aggraver le fardeau de la dette internationale pour l’Angola.
Le kwanza angolais a connu une dépréciation significative par rapport au dollar, passant de 506,00 à 637,30 pour un dollar américain le lundi dernier. Depuis novembre 2022, la devise se situait entre 502 et 506 kwanza pour un dollar américain, affichant une relative stabilité. Cependant, cette stabilité a été compromise récemment.
L’Angola, pays d’Afrique australe, dépend fortement de ses exportations de pétrole, qui représentent plus de 90% de ses exportations totales. Malheureusement, les exportations de brut ont chuté d’environ 30% au premier trimestre de cette année par rapport à la même période de l’année précédente. En effet, le prix du Brent a également diminué, passant en moyenne de 97,90 dollars le baril au premier trimestre de l’année dernière à 82,10 dollars cette année. Cette baisse constante du prix du pétrole a finalement conduit la Banque d’Angola à cesser d’utiliser les réserves de change pour stabiliser la valeur du kwanza.
Gerrit van Rooyen, économiste à Oxford Economics, souligne que la stabilité du taux de change du kwanza de novembre à avril était le résultat de l’utilisation des réserves de change par la Banque d’Angola. Toutefois, cette intervention est devenue insoutenable en raison de la baisse continue du prix du pétrole, qui est désormais inférieur au prix budgétaire fixé à 75 dollars par le ministère des Finances.
Les conséquences de la chute du kwanza pourraient être graves. Les analystes prévoient une hausse de l’inflation, qui est passée de 27,7% en janvier 2022 à 10,6% en avril de cette année. De plus, le coût des paiements de la dette internationale pourrait augmenter, ce qui aggraverait la situation économique de l’Angola. Sarah Baynton-Glen, économiste chez Standard Chartered, souligne que l’appréciation récente du kwanza a contribué à réduire les ratios d’endettement de l’Angola depuis 2020. Cependant, une nouvelle dépréciation pourrait inverser cette tendance, étant donné que près de 80% de la dette angolaise est libellée en devises étrangères. Le pays doit faire face à des paiements de dette extérieure d’un montant de 9,9 milliards de dollars cette année.
Face à cette situation économique précaire, le gouvernement angolais a récemment pris des mesures pour atténuer les tensions. Le limogeage du ministre de la coordination économique, Manuel Nunes Junior, remplacé par le gouverneur de la banque centrale, Jose de Lima Massano, en est un exemple. Cette décision intervient après la suppression des subventions sur le carburant, qui a entraîné une augmentation considérable des prix de l’essence et a déclenché des manifestations au cours desquelles cinq personnes ont perdu la vie, selon la police. Pour l’instant, la banque centrale angolaise n’a pas commenté cette situation critique.