La crise au Burkina Faso est la plus négligée au monde (NRC)

Le Burkina Faso est confronté à une crise humanitaire majeure, avec plus de 2 millions de personnes déplacées et un quart de la population ayant besoin d’une aide humanitaire. Selon le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), cette crise est la plus négligée au monde, alors que l’attention internationale est principalement tournée vers d’autres crises, telles que celle en Ukraine.

C’est la première fois que le Burkina Faso se retrouve en tête de la liste des crises de déplacement les plus négligées au monde, selon un rapport récent du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC). Alors que l’attention médiatique et l’aide internationale sont principalement concentrées sur des crises telles que celle en Ukraine, la situation au Burkina Faso est devenue de plus en plus désespérée.

Depuis cinq ans, le Burkina Faso a connu un déclin rapide et dévastateur en raison de l’insécurité croissante. Plus de 2 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, et près d’un quart de la population dépend désormais de l’aide humanitaire pour sa survie. Dans de nombreuses régions du pays, environ 800 000 personnes vivent dans des zones sous blocus par des groupes armés, privées d’un accès aux services de base. La situation est si désastreuse que certaines personnes sont réduites à manger des feuilles pour survivre.

Selon le NRC, la crise en République démocratique du Congo occupe la deuxième place sur la liste des crises négligées, apparaissant régulièrement en tête ou en deuxième position depuis sept ans. La Colombie, le Soudan et le Venezuela suivent également dans ce sombre classement. Le rapport souligne que cette liste est établie en fonction de trois critères : le manque de financement humanitaire, le manque d’attention des médias et le manque d’initiatives politiques et diplomatiques internationales.

Le Secrétaire Général du NRC, Jan Egeland, a exprimé sa consternation face à cette négligence persistante envers des millions de personnes déplacées. Il affirme que cette situation n’est pas inévitable et que les personnes au pouvoir doivent faire preuve de la même humanité envers les personnes touchées par les crises au Burkina Faso et en République démocratique du Congo, comme elles l’ont fait pour les Ukrainiens.

Le rapport souligne également le déséquilibre flagrant dans l’attention médiatique et l’aide internationale. L’année dernière, plus de cinq fois plus d’articles ont été écrits sur la crise des déplacements en Ukraine que sur les dix crises les plus négligées au monde. De plus, pour chaque dollar collecté par personne dans le besoin en Ukraine en 2022, seulement 25 cents ont été collectés par personne dans le besoin à travers les dix crises les plus négligées.

Le NRC met en garde contre les conséquences de la réaffectation des ressources à la réponse de l’Ukraine. Une grande partie de l’argent de l’aide a été détournée vers l’Ukraine et l’accueil des réfugiés dans les pays donateurs, entraînant une baisse de l’aide dans de nombreuses autres crises malgré des besoins croissants. L’aide totale à l’Afrique, où se trouvent sept des dix crises les plus négligées, a diminué de 7,4 % en 2022 par rapport à l’année précédente.

Le NRC appelle à une action immédiate pour mettre fin aux souffrances au Burkina Faso et souligne la nécessité d’un plus grand investissement dans les solutions diplomatiques. Selon l’organisation, il est crucial que le système international réagisse de manière efficace et rapide aux nouvelles crises émergentes, ainsi qu’aux crises qui durent depuis des décennies, afin de prévenir davantage de souffrances et de drames humains.