Vente des crédits carbone gabonais : Une occasion pour tester « le sérieux » des pays industrialisés

Le Gabon prévoit de vendre 90 millions d’unités de crédits carbone sur le marché international. L’opération devrait avoir lieu avant la Cop 27 de Charm el-Cheikh. Elle permettra de tester la sincérité des principaux pollueurs quant à leur volonté de soutenir l’adaptation climatique.

 La vente des crédits carbone du Gabon sera un moment « décisif » dans l’histoire de l’humanité. Elle permettra de vérifier si les pays industrialisés, principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES), sont sincères quant à leur volonté d’œuvrer pour l’adaptation climatique. « Une grande partie de l’Afrique considère cette vente comme un test décisif » a déclaré le ministre gabonais de l’Environnement, Lee White. Il s’exprimait ainsi à l’Africa Adaptation Summit qui s’est tenu à Rotterdam cette semaine.

L’opération lancée par le Gabon fournira une réponse claire et nette à la question que s’est posé Lee White : « le monde développé est-il sérieux ou non ? » Les nations riches sont pour la plupart, les principaux responsables du réchauffement climatique. Ne pouvant pas absorber tout le carbone qu’elles rejettent dans la nature, elles ont la possibilité de compenser leurs émissions en achetant des crédits carbone chez les États qui séquestrent plus de CO2 qu’ils n’en produisent.

Dans le monde entier, il n’y a que très peu de pays qui présentent un bilan carbone négatif. C’est le cas du Gabon qui absorbe 100 millions de tonnes de carbone chaque année. Ce qui lui permet de vendre des crédits carbone aux pays émetteurs qui ne sauraient séquestrer eux-mêmes, le CO2 qu’ils rejettent.

Au moins 15$ par unité de crédit carbone

Le Gabon prévoit de vendre 90 millions de crédits carbone avant la Cop 27. Ceux-ci seront prêts dès début octobre 2022, selon le ministre White. Le pays travaille sur le projet en partenariat avec la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Les crédits seront échangeables sur la plateforme Redd+, un marché mis en place grâce à la collaboration entre IHS Markit de S&P Global, la bourse des matières premières CBL et la Coalition for Rainforest Nations.

Le prix habituel sur cette plateforme est de 16 $/unité de crédit carbone. « Nous avons des offres supérieures à cela, jusqu’à 30 $ » a indiqué le ministre dans une interview accordée à Bloomberg. Le prix le plus bas que le pays peut accepter, a-t-il souligné, c’est 15$/unité.

« Il s’agit d’une importante offre » selon Luke Oliver, responsable des investissements climatiques chez Kraneshares, un gestionnaire d’actifs. D’après lui, « la demande explose » et le marché devrait pouvoir acheter tous les crédits carbone qui seront mis en vente par le Gabon.

Les crédits carbone seront gérés par le FGIS

L’administration des crédits-carbone gabonais a été confiée au Fonds d’investissements stratégiques du pays (FGIS). Celui-ci sera donc « le seul intermédiaire habilité à échanger » ces instruments financiers. Le Gabon finalise actuellement une loi sur la gestion des recettes issues de la vente des crédits-carbone.

D’après les déclarations du ministre White, 10% des revenus seront réinvestis dans la protection et la sauvegarde de la forêt gabonaise. 15% iront aux communautés rurales et 25% seront injectés dans un fonds pour le développement durable. Les 50% restants seront consacrés au service de la dette et au soutien budgétaire.

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