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Gabon : Vers une économie à la fois protectrice de l’environnement et créatrice de richesses

Le Gabon s’apprête à devenir une économie émergente à la fois protectrice de l’environnement et créatrice de richesses et d’emplois. Il prévoit de réaliser la première émission de crédits carbone au monde dès octobre 2022. Cette opération pourrait radicalement transformer l’industrie forestière qui a jusque-là, servi uniquement à la protection de l’environnement.

En vendant ses crédits, le Gabon conférera à la cause forestière, une dimension de rentabilité économique inédite. Ce qui permettra, non seulement d’encourager les efforts des pays défenseurs de la nature, mais aussi et surtout, de compenser les émissions de carbone générées par les nations industrialisées.

En octobre prochain, le Gabon vendra 90 millions d’unités de crédits-carbone. L’État prévoit un prix initial de 25 $ la tonne, soit des recettes totales de 2,25 milliards $. Cette somme représente le 7e du PIB gabonais. Elle permettra, d’une part, de réduire considérablement les emprunts pour le financement des différents projets nationaux, mais aussi et surtout, d’impulser une croissance économique forte et durable basée sur une source de revenus infinie qui devrait se renouveler chaque année.

Une économie créatrice d’emplois

L’industrie forestière florissante au Gabon générera des milliers d’emplois pour les jeunes actuellement en formation. Pas seulement dans le domaine forestier, mais aussi dans tous les secteurs d’activités où la manne des crédits carbone sera investie.

« Nous avons 800 000 enfants à l’école. Nous avons maintenant un total de 400 000 emplois. Nous avons besoin de 500 000 nouveaux emplois. Sans plus d’emplois, nous aurons toute une génération de gens en colère. C’est une recette pour la guerre civile. Si les crédits carbone génèrent au moins 1 milliard $, nous pouvons construire des routes, des chemins de fer », autant de domaines où des emplois seront massivement créés. C’est ce qu’a déclaré le ministre gabonais des Forêts, Lee White, cité par Forbes.

 

Une initiative soutenue par Jeff Bezos…

Le projet du Gabon suscite déjà l’intérêt des grandes organisations. Le mois dernier, le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, s’est lui-même rendu au Gabon pour saluer l’initiative et féliciter le Chef de l’État, pour son engagement dans la protection des forêts.

D’après Bezos, l’action climatique du président Ali Bongo Ondimba est « quasi-inédite dans le monde ». Pour soutenir ses efforts, ainsi que ceux de son gouvernement, le multimilliardaire a promis fournir une enveloppe de 35 millions $ au Gabon. Ces fonds permettront de renforcer la protection de la nature et la préservation des écosystèmes forestiers.

L’entreprise qu’il a fondée, Amazon, pourrait d’ailleurs acheter les crédits carbone que l’État s’apprête à vendre. « Jeff (Bezos) tient beaucoup au Gabon. Il est extrêmement engagé. Nous avons un allié pour le Gabon, pour les forêts tropicales et pour la biodiversité » s’est réjoui le ministre Lee White. Sa visite au Gabon, une première dans le pays, montre le chemin à suivre aux organisations, entreprises et nations émettrices de carbone, selon les experts.

L’opportunité de tenir les engagements de l’Accord de Paris

L’avantage d’émettre des crédits carbone ne bénéficiera pas qu’au Gabon. Il constitue une véritable opportunité pour les émetteurs de carbone de respecter les engagements qu’ils ont pris dans le cadre de l’Accord de Paris.

Faut-il le rappeler, les nations et les entreprises du monde ont promis, en 2015, d’atteindre la neutralité carbone au cours du présent siècle. Cet objectif est cependant difficile à atteindre pour les pays très industrialisés ou les compagnies pétrogazières qui ne sauraient parvenir au net-zéro. La seule solution qui s’offre à eux réside donc dans l’achat des crédits carbone auprès des pays comme le Gabon.

Grand défenseur de l’environnement

Le Gabon a séquestré 1 milliard de tonnes de carbone entre 2010 et 2018. Ce qui fait de lui, l’un des plus grands absorbeurs de CO2 au monde et le premier en Afrique. D’où son titre de superpuissance verte du continent noir.

Aujourd’hui, 88% de son territoire est entièrement recouvert de forêts. Ce qui en fait l’un des derniers abris pour les éléphants. Pour preuve, la population des pachydermes a cru de plus de 50% à 95 000 têtes depuis l’année 2000. Dans ce même temps, des pays comme le Cameroun perdaient 90% des éléphants qu’ils abritaient.

Selon Lee White, le Gabon dispose des « meilleurs crédits carbone jamais mis sur le marché ». En effet, explique le ministre, «  (…) pour chaque crédit carbone que quelqu’un achète, le Gabon élimine 10 tonnes de CO2 de l’atmosphère. Ils (les acheteurs, ndlr) obtiennent 10 crédits pour le prix d’un. De plus, ils contribuent à augmenter la population d’éléphants ».

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