Scandale au Gabon : Des médias de l’opposition étaient corrompus par l’ex porte-parole de la Présidence
L’ancien porte-parole de la Présidence de la République gabonaise, Ike Ngouoni, payait des médias de l’opposition pour ne pas attaquer le pouvoir. Il l’a révélé ce jour au cours de son procès à la Cour criminelle spéciale de Libreville. Ngouoni était, depuis lundi dernier, face à la justice gabonaise pour répondre des accusations portées contre lui.
Il est en effet poursuivi pour détournements de fonds, concussion et blanchiment de capitaux. Son interpellation et sa présentation à la Cour criminelle s’inscrivent dans le cadre de la lutte anti-corruption nommée Scorpion. Cette opération, menée par les autorités, a permis de traduire plusieurs anciens responsables politiques et administratifs devant les tribunaux pour vol, détournements et corruption.
Le deal passé avec les médias de l’opposition
L’ex porte-parole de la Présidence de la République gabonaise avait passé un deal, pour le moins surprenant, avec les médias de l’opposition. En effet, l’accord stipulait de ne pas attaquer l’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga (BLA), et ses proches. BLA n’était donc plus cité quand il s’agissait d’attaquer le pouvoir. La presse de l’opposition n’a cependant jamais cessé d’attaquer le Chef de l’État lui-même. Ce qui laisse croire que le deal passé par Ike Ngouoni n’incluait pas le président Ali Bongo lui-même.
Le nommé BLA fait actuellement l’objet de poursuites judiciaires. Il a été condamné en fin d’année dernière pour obtention de document administratif sur la base d’une fausse déclaration. Il s’était en effet procuré un certificat de nationalité gabonaise alors qu’il était né en France, de deux parents Français. L’ancien directeur de cabinet du président de la République est aussi accusé de corruption, de détournements de fonds et de blanchiment de capitaux. Des faits pour lesquels il n’a pas encore été jugé.
L’accusé n’agissait pas pour le président Bongo
Après cette révélation aujourd’hui, des médias ayant pour habitude de tacler le pouvoir en place se sont mis à relayer des informations dans le but de semer la confusion dans le cœur du public. Leurs différentes publications laissent penser, voire croire que Ike Ngouoni, payait les organes de la presse de l’opposition sur ordre du Chef de l’État ou en connivence avec lui. Leur façon de traiter l’information fait aussi croire que l’accord passé avec les médias incriminés visait à ne pas tacler le président Ali Bongo Ondimba. Or, le deal ciblait notamment et principalement l’ancien directeur de cabinet Brice Laccruche Alihanga. D’autant plus que le chef de l’État était toujours visé par ces organes.
Une presse de l’opposition quémandeuse ?
Grâce à l’accord conclu avec l’ancien porte-parole de la Présidence, des médias de l’opposition recevaient, chacun et mensuellement, plusieurs millions de FCFA. Parmi eux, figuraient notamment Gabon Media Time, L’Aube, Le Mbandja et Echos du Nord, pour ne citer que ceux-là.
Depuis que Ike Ngouoni, son équipe et ses alliés dont BLA ne font plus partie du pouvoir, ces différents organes de presse n’ont plus accès à leur manne d’autrefois. Ce qui expliquerait le fait qu’ils se soient remis à s’en prendre, farouchement, aux actuels dirigeants.
Les médias qui attaquent le président Bongo, son cabinet et ses proches, seraient donc à la recherche d’un nouveau bailleur. La presse de l’opposition pratiquerait ainsi du journalisme alimentaire, selon un expert en Communication gabonais ayant requis l’anonymat pour sensibilité du sujet. D’après lui, ces organes s’attendent à ce qu’un autre membre du pouvoir se mette à les financer pour se taire.