Le Gabon table sur une économie performante basée sur sa forêt
Très engagé dans la course à la décarbonisation, le gouvernement gabonais veut réduire l’impact environnemental de son industrie pétrolière. Il veut donc mettre à profit, ses ressources forestières. Il compte cependant maintenir sa couverture forestière au-delà de 85 % de sa superficie.
Le ministre des Forêts, le professeur Lee White, estime que l’abattage respectueux des arbres, la mise en place d’une réglementation stricte et la transformation plus locale du bois permettront d’atteindre cet objectif. Selon le biologiste, la cessation définitive de l’exploitation forestière industrielle n’est pas réaliste pour un pays qui a besoin d’une alternative pour se détourner de son pétrole. L’économie gabonaise dépend à 45 % de l’or noir. Elle ne saurait l’abandonner, sans exploiter une autre source de revenus adéquate.
Rappelons que la seule richesse dont dispose le pays en dehors du pétrole, c’est sa forêt. Celle-ci couvre près de 90 % de son territoire. « Il doit y avoir un accord équitable pour le Gabon. Nous pensons que cet accord implique nécessairement une foresterie durable. (…) Si vous le faites bien, vous préservez la forêt. Si vous le faites mal, vous la perdez » a déclaré le professeur Lee White, cité par Reuters.
La stratégie mise en place par le Gabon, pour garantir une foresterie durable, consistera à ne couper qu’un ou deux arbres par hectare. Ces déforestations seront périodiquement interrompues pendant 25 ans pour permettre aux zones déboisées de se reconstituer. La présente technique s’est inspirée des recommandations de l’organisme dénommé The Nature Conservancy, en matière d’exploitation forestière à impact réduit sur le climat (RIL-C). Lorsqu’elle est bien mise en œuvre, elle permet de réduire les émissions de carbone tout en minimisant les dommages causés par l’abattage de certains arbres. Cela ressort d’une étude publiée dans la Revue Forest Ecology and Management.
Grâce au RIL-C, le gouvernement gabonais diminuera ses émissions dues à l’exploitation forestière de 50 % d’ici 2030. Il pourra dans le même temps, faire augmenter sa production de bois de 20 %. Le plan du Gabon « fait preuve d’un certain bon sens » soutient le biologiste Francis Putz de l’Université de Floride. « Je ne sais pas à quel point ils vont réussir, poursuit-il. Mais jusqu’à présent, ils sont bien avisés et fournissent des efforts assez courageux ».
D’après Putz, le Gabon ne risque pas de mal gérer ses ressources forestières comme la RDC. Cette dernière a perdu 500 000 hectares de forêt primaire en 2020, selon le Global Forest Watch. White ne compte pas laisser cela se produire au Gabon. Des efforts sont menés depuis quelques années pour assurer une bonne gestion forestière dans le pays. Le gouvernement a par exemple exigé, très récemment, que toutes les concessions forestières du territoire gabonais soient certifiées Forest Stewardship Council (FSC).