Retrait du contingent gabonais de la Minusca : Des allégations infondées de l’Onu ?

Le retrait brusque et précipité du contingent gabonais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) serait dû à des allégations infondées. C’est ce qui ressort des enquêtes menées par les autorités gabonaises. Des enquêtes confirmées par des médias locaux centrafricains qui trouvent suspecte la décision de l’Onu.

Les enquêteurs gabonais se sont en effet rendus en Centrafrique pour vérifier les allégations proférées contre les troupes gabonaises. Ils ont voulu rencontrer les présumées victimes d’abus sexuels perpétrés par des militaires gabonais. Ils se seraient cependant heurtés « à une fin de non-recevoir catégorique de la Minusca, de l’Unicef et des ONG » selon le média local L’Expansion.

Ce refus des organismes onusiens ayant accusé les troupes gabonaises suscite un doute sur la véracité des allégations. Pis, « toutes les personnes représentant l’administration, rencontrées par la délégation gabonaise (…), disent avoir été informées par voie médiatique ». Que ce soient les ONG, l’administration judiciaire ou médicale, elles déclarent « n’avoir pas constaté, ni entendu des plaignants au regard des allégations formulées ».

Le retrait des troupes gabonaises ne serait donc fondé sur aucune preuve directe accessible. Une situation qui pousse les médias centrafricains à soupçonner une « manipulation ». Un avis que partagent d’ailleurs des autorités centrafricaines. Celles-ci n’ont pas manqué de manifester leur inquiétude et leur étonnement face à cette décision de l’Onu.

« Nous avons été surpris par cette annonce à laquelle personne ici ne s’attendait ». C’est ce qu’a déclaré un ancien premier ministre centrafricain, spécialiste des questions de défense. Une surprise, d’autant plus que le Gabon œuvre pour le maintien de la paix et de la stabilité en Centrafrique depuis 25 ans. Autrement dit, bien avant l’arrivée de la Minusca en 2014. Mieux, « l’armée gabonaise, avec près de 480 hommes, est l’un des contingents les plus importants » précise un député centrafricain. Sans oublier que « c’est l’une des armées présentes ici les mieux équipées ».

Outre ces allégations dont les preuves sont inaccessibles voire, infondées, l’attitude de l’Onu par rapport aux forces gabonaises demeure inappropriée selon des experts. Les présumées accusations ne visent que certains militaires gabonais mais c’est pourtant tout le contingent qui en subit la peine. « La décision de l’Onu donne l’impression que la faute de quelques-uns doit être payée par tous » déplore un actuel conseiller du président centrafricain. Or, des allégations d’abus sexuels avaient été proférées et même vérifiées contre d’autres troupes étrangères de la Minusca. Il s’agit des forces rwandaises et françaises. Pourtant, celles-ci n’ont pas été retirées de la Centrafrique.

Même si des cas d’allégations du genre ont conduit, par le passé, au retrait des troupes congolaises de la Minusca, le mode opératoire a été totalement différent. « (…) La grande différence, c’est qu’à l’époque, la décision avait été prise par les autorités congolaises et non par l’Onu ». D’où, poursuit le conseiller de Faustin-Archange Touadéra, « il est difficile » de ne pas traiter la décision de l’Onu d’ « un deux-poids deux mesures ».

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