Afrique du Sud : L’interdiction de vendre de l’alcool a fait perdre des milliards de dollars de recettes à l’État au profit du secteur informel
La mesure gouvernementale visant à réduire les cas d’accidents liés à l’ivresse en Afrique du Sud a surtout favorisé le développement du secteur informel de l’alcool. L’interdiction de vendre de l’alcool et du tabac dans le pays a porté un coup considérable à l’économie sud-africaine. D’après le président de l’Association sud-africaine des propriétaires de marques d’alcool, Sibani Mngadi cité par Financial Times, cette interdiction a fait perdre en 19 semaines, 2,5 milliards de dollars de revenus aux acteurs du secteur licite. L’Etat sud-africain a quant à lui perdu 2,02 milliards de dollars de recettes fiscales depuis l’application de cette mesure.
Cette interdiction gouvernementale a en outre permis de comprendre que 15% du marché sud-africain de l’alcool est géré par des acteurs informels et illicites. Cette part représente une perte annuelle de plus d’un milliard de dollars de recettes fiscales supplémentaires à l’Etat sud-africain. Le marché informel a attiré plus de clients suite à l’interdiction de vente d’alcool dans le pays. Le gouvernement sud-africain avait instauré cette mesure pour réduire le nombre de patients qui arrivent aux urgences pour cause d’accidents liés à l’ivresse, au tabagisme etc… Il semble que cette mesure, ne s’appliquant pas au secteur informel, ait favorisé sa croissance.
Ce qu’on comprend mieux d’ailleurs quand on sait que l’Afrique du Sud est le 6e au classement mondial des pays en termes de quantité d’alcool consommée par un buveur à la fois, selon les données de l’OMS. A cela, il faut aussi ajouter le taux très élevé de violences et de conduites en état d’ivresse qui ont été enregistrées. Chaque année, 44 000 Sud-Africains meurent de maladies liées au tabagisme. Le professeur d’économie Corné van Walbeek pense que cette interdiction du gouvernement sud-africain qui se prolonge indéfiniment est devenue « une farce ». Pour lui « tout le monde savait que les gens achetaient illégalement ».