Centrafrique : Le procès contre les chefs anti-balaka démarre à la CPI

Le procès contre les chefs anti-balaka a démarré le16 février à la Cour pénale internationale. Le commandant de zone Alfred Rombhot Yekatom et le coordinateur national des anti-balaka Patrice-Edouard Ngaïssona sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ils ont été arrêtés en fin 2018 pour avoir développé « une politique criminelle consistant à s’en prendre à la population musulmane » qu’ils considéraient comme responsable ou complice « des crimes qui auraient été commis par la Séléka » précise l’acte d’accusation cité par Le Monde.

Une coalition nommée Séléka constituée majoritairement de musulmans, avait pris le pouvoir en République centrafricaine et perpétrait dans le pays des pillages, des meurtres et autres sortes de violences contre les populations. En riposte, des milices d’autodéfense dénommées les anti-balaka se sont soulevées contre cette coalition et se sont alliées à certains partisans du président déchu, François Bozizé. Ceux-ci mènent alors une attaque sur la capitale centrafricaine le 5 décembre 2013 et s’en prennent aux musulmans (tous confondus) qu’ils considèrent comme responsables des actes de la Séléka. Des dizaines de personnes ont été tuées, d’autres kidnappées puis égorgées, selon le représentant des victimes de Bimbo 3, un quartier de Bangui, rapporte Le Monde. Des affrontements entre la Séléka et les anti-balaka se sont déroulés dans des quartiers de Boulata, Boeing et Kokoro 2 ce jour-là.

Par la suite, les anti-balaka ont commencé à extorquer des personnes et à piller leurs résidences, révèle Jean de Dieu Denamna, représentant des victimes de Bimbo 3. Ainsi, la lutte contre la Séléka qui était d’ailleurs « légitime en soi » selon l’acte d’accusation devient une lutte contre la population elle-même. « Ils (les anti-balaka) sont devenus eux-mêmes des bandits » confie Jean de Dieu Denamna au média Le Monde. Selon la CPI, le commandant de zone Rombhot dirigeait environ 3000 hommes. Les violences perpétrées dans le pays entre 2013 et 2014 ont laissé des traces dans les quartiers touchés. Plusieurs maisons ont été détruites et pillées. « Des gens dormaient avec des cadavres pendant la lutte du 5 décembre », confie une femme.

Les audiences du procès sont retransmises en public et en direct dans la capitale centrafricaine depuis la Haye et des témoins sous le programme de protection de la CPI interviendront par visioconférence et sous pseudonyme. Pour l’instant, les deux accusés rejettent toutes les charges retenues contre eux. Le procureur Kweku Vanderpuye déclare cependant que les crimes qui leur sont reprochés « transgressent la nature même de notre humanité ». « Les preuves dans cette affaire établiront la responsabilité pénale de Ngaïssona et de Yekatom au-delà de tout doute raisonnable » a-t-il ajouté.

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