Forum mondial sur les infrastructures 2020 : « la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 nous force à recentrer nos priorités »

À l’occasion de la 4ème édition annuelle du Forum mondial sur les infrastructures, la Banque africaine de développement a organisé, mercredi 7 octobre, un séminaire virtuel réunissant des responsables gouvernementaux, des acteurs du secteur privé et des représentants des institutions multilatérales de développement autour de la nécessité de renforcer le développement en infrastructures en Afrique durant la pandémie de Covid‑19.

L’atelier de la Banque, intitulé : « La préparation des projets d’infrastructure : assurer la durabilité et la résilience dans la période d’après Covid-19 », s’est déroulé sous la forme d’une table-ronde consacrée aux rôles essentiels que peuvent jouer les gouvernements, les prêteurs multilatéraux et le secteur privé dans la construction d’infrastructures indispensables au regard du contexte économique rendu plus difficile par la situation sanitaire.

La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accroître le besoin, déjà urgent pour l’Afrique, de dépenses pour des infrastructures supplémentaires. La Banque africaine de développement estime les besoins de financement des infrastructures de l’Afrique à 170 milliards de dollars américains par an d’ici à 2025. Le déficit de financement est estimé à 108 milliards de dollars par an.

Le séminaire comptait, parmi ses intervenants, Lamine Lo, directeur du financement et des partenariats publics-privés au ministère de la Planification et de la Coopération économiques du Sénégal, Solomon Quaynor, vice-président en charge du Secteur privé, des infrastructures et de l’industrialisation à la Banque africaine de développement,  Jérôme Jean Haegeli, économiste en chef et directeur général du groupe Swiss Re, et Srinivas Sampath, responsable du groupe thématique PPP à la Banque asiatique de développement.

Solomon Quaynor a indiqué que les pays d’Afrique ne disposaient pas des ressources budgétaires suffisantes comme les pays riches, qui leur permettraient d’atténuer les effets de la pandémie. Il a également relevé que la pandémie posait aussi des problèmes à des institutions comme la Banque africaine de développement :  « Nous allons devoir innover et trouver de meilleures méthodes pour préparer les projets. Nous allons devoir créer des outils d’atténuation des risques car une grande partie du secteur privé ne sera pas prête à s’exposer aux risques encourus face aux obligations des gouvernements sans contre‑garantie. » 

La session des questions‑réponses a permis aux intervenants de présenter certains projets innovants mis en œuvre et de faire part de leurs prévisions sur le changement climatique, le recyclage des infrastructures et l’utilisation des fonds de pension et des fonds souverains pour développer les infrastructures.

S’agissant du rôle des gouvernements dans la création d’un environnement favorable, Lamine Lo a présenté une liste de priorités du Sénégal pour l’après Covid‑19, en incluant les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et de la pharmacie, « en raison des enseignements tirés de la pandémie, mais aussi de la nécessité de bâtir une économie durable. »

Pour Jérôme Jean Haegeli, « la pandémie de Covid 19 est une tragédie humaine, car elle a provoqué la récession la plus grave de notre époque, mais contrairement au changement climatique et à la biodiversité, elle a une date d’expiration  : c’est pourquoi je pense qu’il y a encore plus de raisons positives pour agir. »

De l’avis unanime de tous les intervenants, les institutions multilatérales de développement (IDM), notamment la Banque africaine de développement et la Banque asiatique de développement, ont un rôle essentiel à jouer dans la préparation des projets d’investissement, par de nouvelles sources de financement et le soutien au recyclage des actifs.

« Il existe suffisamment d’aide à la préparation de projets au sein de l’ensemble des organisations multilatérales. Il y a le Mécanisme de financement de la préparation des projets de la Banque africaine de développement, celui de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le Mécanisme mondial de financement des infrastructures de la Banque mondiale. Les clients devraient les utiliser », a suggéré Srinivas Sampath.

Dans leurs conclusions, les intervenants se sont montrés à la fois réalistes et optimistes, tout en rappelant la nécessité de changement et de collaboration.

« Nous devons remplir le réservoir du moteur de l’économie mondiale. Pendant que nous faisons le plein, changeons le moteur et installons des batteries neuves. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’infrastructures durables. Cela est essentiel pour la reprise mondiale ! », a proposé Jérôme Jean Haegeli.

« Il existe de nombreuses composantes que nous pouvons mettre en place, dans la gestion de la crise, les infrastructures à moyen et long terme, la préparation de qualité des projets d’infrastructure, avec la garantie qu’elles sont suffisamment structurées et attractives pour que le secteur privé y investisse. Les banques multilatérales de développement et les gouvernements ne peuvent le faire seuls », a affirmé Srinivas Sampath.

« Il ne faut jamais rater l’occasion de tirer profit d’une crise, a conseillé Solomon Quaynor. L’un des effets positifs potentiels de cette crise est qu’elle nous pousse tous à nous concentrer sur nos priorités, à  veiller à bâtir des infrastructures de qualité pour tirer le maximum d’effets positifs sur l’économie et résister aux catastrophes naturelles et aux pandémies à venir. » 

Le Forum mondial sur les infrastructures s’est tenu du 6 au 8 octobre sur le thème « Assurer la durabilité et la résilience dans la période d’après Covid-19 ».    

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