Mali : Le régime du Président Ibrahim Boubacar Keïta en eaux troubles

Pour tenter de résoudre la crise malienne, quatre Chefs d’État africains vont effectuer le déplacement de Bamako ce jeudi. L’enjeu de cette nouvelle tentative de médiation est d’arracher un accord entre les leaders de la contestation en tête desquels l’imam salafiste Mahmoud Dicko et le pouvoir de IBK. Depuis sa réélection en 2018, le Président malien a subi plusieurs mouvements de contestation, nés de notamment des progrès inexistants dans la résolution du conflit qui mine la région nord du pays. La zone est régulièrement le théâtre d’enlèvement, d’incursions de groupe djihadistes et autres tueries.

Ce jeudi, c’est donc de nouveaux émissaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), quatre chefs d’Etat – Côte d’Ivoire, Ghana, Niger et Sénégal – qui tenteront de sauver la situation déjà explosive et ramener la sérénité à Bamako. Une solution concertée de sortie de crise devra être trouvée entre les différentes parties avant la fin de la trêve de mobilisation décrétée par les contestataires depuis le lundi 20 juillet 2020. L’ancien Président nigérian Goodluck Jonathan – chef des médiateurs – aura la lourde tâche d’infléchir les positions de l’imam Mahmoud Dicko et des leaders du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) pour faire oublier l’échec du plan de la Cédéao rejeté par les protestataires.

Pour Choguel Maïga, membre du M5-RFP, le plan proposé par la première délégation avait été conçu servir les intérêts du pouvoir en place et principalement ceux Ibrahim Boubacar Keïta.

De l’avis des observateurs du paysage malien, ce sont les résultats « frauduleux » des dernières élections législatives validées par la cour constitutionnelle au détriment 31 candidats de l’opposition, alors que les populations étaient confinés à cause de la pandémie de la Covid-19. « Le problème de fond est que le chef de l’État a verrouillé tout le système politique avec ces élections. La Haute Cour de justice (chargée de juger le président et les ministres) est désormais présidée par Issiaka Sidibé, le beau-père de son fils Karim. En cas de transition, c’est le président de l’Assemblée nationale (issu de la majorité au pouvoir) qui prend la succession et se charge d’organiser une nouvelle élection. Si rien ne change, les autres partis savent qu’ils n’auront plus grand-chose à espérer pour encore de nombreuses années », décrypte une source proche du dossier.

Il est à craindre que d’autres violences comme celles survenues le 10 juillet 2020 ayant faits un peu plus d’une dizaine de victimes si les quatre nouveaux médiateurs de la Cédéao ne parviennent pas à décrisper la situation.

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